SOS DEVOIRS : LES PROBLEMES D’ATTENTION
Pas mal de parents me posent des questions concernant des problèmes d’attention de leur enfant. Ce n’est pas simple de fournir une réponse universelle car chaque enfant est différent, mais voici quelques pistes qui pourraient aider.
Déjà, qu’est-ce que l’attention ? C’est la capacité à pouvoir se concentrer sur une chose sans se laisser distraire par d’autres facteurs. Nuançons tout de suite : personne n’est capable de mobiliser son attention en continu sur un seul objet plus de quelques secondes. Avec l’habitude, nous ne nous en rendons plus forcément compte, mais nous devons très régulièrement recanaliser nos pensées et notre attention sur la tâche que nous sommes en train d’effectuer. Notre attention est vagabonde par nature. Elle « saute » en permanence.
Et c’est une bonne chose pour notre survie. C’est un mécanisme inscrit dans notre cerveau par l’évolution, qui nous permet de rester en alerte dans un environnement qui contient potentiellement des dangers. C’est ce même mécanisme qui nous permet d’être alertés par un bruit, un mouvement, bref un changement dans notre environnement et de pouvoir y réagir rapidement en cas de danger. Plutôt utile, non ?
Cependant, les humains ne sont plus des chasseurs cueilleurs et notre mode de vie actuel nécessite souvent d’inhiber ce réflexe. L’inhibition fait partie de ce qu’on appelle les « fonctions exécutives » (tout comme la mémoire de travail, la planification, la flexibilité…). Ce sont des fonctions qui permettent de « réguler » les opérations mentales.
Un enfant peut avoir de très bonnes capacités « intellectuelles » (on dit plutôt « cognitives ») mais se retrouver très handicapé dans ses apprentissages scolaires par un problème d’attention. Pour prendre une image un peu grossière, un enfant peut avoir comme un ordinateur une bonne puissance, mais un logiciel d’exploitation qui « bugue » et finalement l’amène à produire des résultats médiocres.
Pas de panique, les enfants sont en pleine évolution et il existe des moyens d’améliorer leur capacité d’attention. Ces moyens dépendant surtout des causes du problème d’attention.
Dans la plupart des cas, l’enfant a du mal à ignorer les distracteurs dans son environnement (bruits, mouvements…). On peut l’aider dans un premier temps en limitant les sources de distractions. Ainsi, il vaut mieux éviter de laisser l’enfant travailler dans une pièce où du monde circule, où la TV est allumée (même en mode muet car les images distraient), où il y a du bruit… L’idéal, quand c’est possible, est que l’enfant fasse ses devoirs dans une pièce au calme, seul, assis à un bureau. Quand ces conditions ne sont pas possibles, l’enfant peut au moins se couper du bruit par des bouchons d’oreille ou un casque et s’installer fasse à un mur ou une fenêtre pour ne pas voir ce que font les autres personnes dans la pièce. Si vos enfants sont plusieurs dans une même chambre, il est préférable qu’ils fassent leurs devoirs à tour de rôle pour bénéficier chacun d’une pièce au calme pendant un moment.
Ces enfants se laissent souvent aussi facilement distraire par tout objet à portée de main (objets dans la trousse, objets sur le bureau, etc.). Pour leur faciliter la tâche, il est donc conseillé de ne laisser sur leur bureau que le matériel nécessaire à la tâche en cours. Préparer avec eux le matériel nécessaire à la réalisation des devoirs leur apprend en plus à mieux planifier et s’organiser (encore une fonction exécutive).
Enfin, ces enfants peuvent avoir tendance à être « bougeons », c’est-à-dire à avoir besoin de bouger, tenant difficilement en place plus de quelques minutes. Dans ce cas, la plupart des enfants se concentrent mieux s’il leur est possible de bouger a minima sans perturber le traitement de la tâche : travailler debout devant le bureau, tripoter une balle de mousse, utiliser un coussin ergonomique…
Enfin, il est possible d’entraîner la capacité de l’enfant à ignorer les distracteurs par de petits jeux. On lui confie une tâche simple pour lui / elle (par exemple compter les objets dans sa trousse) à effectuer sans se tromper pendant qu’on s’agite autour de lui avec des bruits, des mouvements (distracteurs), mais pas plus d’1 mn pour commencer. Il est plus facile pour l’enfant de négliger des distracteurs quand il en est prévenu et en connaît la source. On augmente petit à petit la durée de ces jeux, sans jamais dépasser les capacités de l’enfant. Il / elle prend alors peu à peu confiance en sa capacité à progresser dans ce domaine, en réalisant qu’il / elle y parvient de plus en plus.
Attention toutefois à la nature des distracteurs que vous produisez autour de l’enfant : si la tâche sur laquelle l’enfant se concentre consiste à compter quelque chose, évitez (au moins au début) de produire des distracteurs de même nature que la tâche (exemple : réciter des tables de multiplication). Comme cela sollicite le même circuit neuronal que la tâche de comptage, l’enfant peut beaucoup plus facilement se laisser distraire car son attention est déjà focalisée sur ce type de données. Or ce n’est pas le but. Il faut que l’enfant apprenne à ignorer les données perturbantes de son environnement, de mieux en mieux au fil du temps. Il a besoin de réussir, et non de se sentir en échec, pour persévérer et progresser.
Dans d’autres cas, quand l’enfant est distrait, non par des stimuli extérieurs, mais par ses propres pensées qui se bousculent dans sa tête, l’aider est un peu plus compliqué. Diminuer les sources de distracteurs ne sera pas très efficace, car ces distracteurs sont dans sa tête. Mais on peut l’aider à s’exercer progressivement à écarter de plus en plus longtemps ses pensées parasites pour se concentrer sur la tâche en cours.
L’idée est la même que précédemment, mais appliquée différemment. Au cours d’un petit jeu bref, l’enfant doit se concentrer sur une tâche simple. Pour y parvenir, il doit apprendre à repérer ses pensées parasites et les signaler par un mot, une phrase, une onomatopée… Puis s’appliquer consciemment à mettre chacune de ces pensées de côté pour revenir à la tâche. L’enfant se rend rarement compte quand il / elle est parasité(e) par une pensée inopportune. Le premier pas est donc qu’il en prenne conscience. A partir de là seulement, il / elle peut agir sur ces distracteurs.
Il peut être utile de compter avec lui / elle combien il / elle a eu de pensées parasites par minute et mesurer la diminution de ce nombre au fil des jeux. Cela encourage l’enfant et lui montre qu’il est possible, par un effort conscient, d’écarter une partie de ses distracteurs internes. Si cela ne suffit pas, il peut être bénéfique pour votre enfant de consulteur un(e) professionnel(le) en psychomotricité pour travailler sur cette difficulté d’attention.
Pour aller plus loin :
https://www.youtube.com/watch?v=Iqd01BTbi9M
https://sciences-cognitives.fr/le-parcours-formation/attention/
https://eduscol.education.fr/cid140652/le-deficit-attention-des-eleves-comment-agir.html#lien1
http://www.happyneuron.fr/cerveau-et-entrainement/attention
https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/course-2015-01-13-09h30.htm